Charles Hudon garde le moral
Binghamton — En fait de malchance, c’est dur à battre.
Les dieux du hockey s’étaient déjà ligués contre Charles Hudon quand ce dernier a reçu une rondelle à la gorge le 25 novembre dernier, lors d’un entraînement improvisé, à quelques heures de sauter dans l’avion pour un voyage de cinq matchs. Un jeu bête. « C’était un deux contre un avec Chris Terry, Chris a fait une passe que je n’attendais pas, Greg Pateryn l’a interceptée et la rondelle est montée à ma gorge », raconte Hudon, rencontré après l’entraînement d’hier matin.
Hudon a bien essayé de rester sur la patinoire, en vain. Il avait le souffle trop court.
S’en est suivie une course contre la montre. « Je pensais bien faire le voyage même en allant à l’hôpital. Je voulais revenir à temps pour le vol, a poursuivi l’Almatois. Mais le docteur Mulder m’a dit : “Non, tu restes ici.” Ça a été difficile à accepter, mais ce sont les risques du métier. »
Dire que Hudon n’était pas au bout de ses peines… « J’ai dû attendre trois, quatre jours avant de recommencer à patiner. Le docteur m’avait donné le OK, mais je devais attendre que ma poche de hockey revienne d’Anaheim ! »
Le point d’exclamation de cette quinzaine de misère est survenu le 7 décembre. Il était alors rétabli de ce qui a finalement été décrit comme une fracture du sternum, et les blessures d’Alex Galchenyuk et David Desharnais créaient des ouvertures à l’avant. Plutôt que de le réintégrer dans la formation, on l’a renvoyé dans la Ligue américaine.
« Ça a été difficile à accepter, admet Hudon. Je suis quelqu’un qui travaille fort, je sais que je peux me blesser. Mais je ne m’attendais pas à recevoir une rondelle dans la gorge ! Je devais juste continuer à travailler fort pour être prêt. Ensuite, quand tu vois qu’il y a plusieurs blessés, tu te dis que tu seras correct quand tu vas revenir, mais leur décision a été de me renvoyer pour que je retrouve ma game shape. Je dois donc continuer à travailler fort ici comme je le faisais avant. »
Offensivement, Hudon continue à progresser dans la Ligue américaine.
Du reste, il y a les sempiternelles petites choses à corriger. Par exemple, cette tendance à trop souvent anticiper le développement du jeu, ce qui peut donner l’impression qu’il triche pour obtenir des points. « Si tu anticipes mal et que tu es en retard ou en avance, tu peux avoir l’air d’un gars qui essaie de tricher. C’est correct d’essayer d’anticiper, mais tu dois être sharp », rappelle l’entraîneur-chef des IceCaps de St. John’s, Sylvain Lefebvre.
La discipline était un autre aspect à revoir. Le 6 novembre dernier, les IceCaps perdaient par un but avec deux minutes à jouer, quand Hudon s’est fait expulser du match pour une prise de bec à la mise en jeu.
« J’ai dit à Charles : “C’était peut-être toi qui allais marquer le but égalisateur, tu aurais eu du temps en prolongation et en fusillade, tu aurais été choisi.” Il comprend. Il s’agit juste d’aligner plusieurs matchs, de reprendre confiance. Nous, on a bon espoir qu’il continue à progresser. Il peut devenir un bon joueur dans la Ligue nationale », estime Lefebvre.
Hudon a visiblement compris cette partie du message, puisqu’il a écopé d’une seule pénalité mineure en cinq matchs depuis, avec les IceCaps. Et avec le Canadien, il en a aussi eu seulement une en trois matchs.
N’empêche, cette impression de quelque chose qui ne tourne pas rond persiste au sujet de Hudon.
Cette saison, Daniel Carr, Chris Terry et Sven Andrighetto ont été rappelés avant que Hudon obtienne son premier rappel, le 17 novembre.
Carr n’est plus que l’ombre du joueur qui avait agréablement surpris la saison dernière, mais le voici encore avec le Canadien. Terry rend de fiers services à l’organisation, mais à 27 ans, il est permis de croire que l’on connaît les limites de son potentiel dans la LNH. Andrighetto a 23 ans et 63 matchs dans le circuit Bettman. Il arrive à cette période où on peut se demander s’il n’est pas ce qu’on appelle, au baseball, un joueur AAAA : dominant dans les ligues mineures, mais incapable de se trouver une niche « en haut ».
Pendant ce temps, Hudon a seulement eu droit à six matchs dans la LNH depuis la saison dernière, au cours desquels il a obtenu quatre points, malgré une utilisation limitée. Dans ces circonstances, on ne le blâmerait pas de songer à un changement de décor.
Et il ne faut pas oublier le repêchage d’expansion. Hudon fait partie des joueurs qui seront disponibles pour Las Vegas si le Canadien ne le protège pas, puisqu’il aura trois ans de hockey professionnel derrière la cravate.
Mais l’ancien des Saguenéens de Chicoutimi et du Drakkar de Baie-Comeau ne veut rien entendre.
« Je n’y pense pas vraiment. Je veux être un joueur d’impact pour le Canadien de Montréal, je veux jouer pour cette organisation-là. Je suis encore jeune, j’ai 22 ans. Je dois travailler fort et me démarquer ici dans la Ligue américaine. »